Pratiquée depuis l’Antiquité en chirurgie, l’hypnose médicale arrive en force dans de nombreux centres hospitaliers français. A Grenoble, la clinique mutualiste pratique cette méthode depuis 2010 et s’apprête à renforcer les effectifs de son équipe.
« Vous avez le temps, vos bagages sont enregistrés, vous avez passé la douane, vous avez plein de temps devant vous jusqu’au départ ». Nadège en réalité ne prend pas l’avion. La scène ne se déroule pas dans un aéroport mais dans un bloc opératoire. Un tout autre voyage…
En fait, elle revit l’un des épisodes de sa vie, dans l’aérogare de Genève, et la voix apaisante qui la rassure est celle de l’anesthésiste qui accompagne l’équipe qui va l’opérer. Ce souvenir, agréable pour elle, c’est elle qui l’a choisi et l’a raconté lors d’un entretien préalable à l’opération. Au moment de l’opération, l’anesthésiste se charge de la « guider vers cette situation agréable, enfouie dans son monde intérieur. »
Une méthode qui permet d’éviter une anesthésie générale
L’hypnose est définie comme « un état modifié de la conscience ». Le sujet est plongé dans un bain sensoriel qui le « détache de la réalité » et, en l’occurence, de l’intervention chirurgicale et de la douleur. Cette déconnexion ne veut pas pour autant dire passivité. » La personne doit être motivée et confiante », explique Jérôme Schweitzer, anesthésiste hypnotiseur, « elle doit jouer le jeu , on ne fait pas de la magie. »
Mais attention, en chirurgie, l’anesthésie sous hypnose ne s’applique qu’aux interventions les moins lourdes, sur des durées d’une demi-heure à deux heures. Elle permet d’éviter une anesthésie générale, Un anesthésiant est tout de même utilisé, mais localement et à petite dose. On évite a priori les effets secondaires de l’anesthésie générale: fatigue, nausées ou douleurs.
Plus de confort pour le patient, des avantages aussi pour les praticiens qui, pour la plupart, témoignent « d’une autre relation, plus riche, qui s’installe. » Pour le docteur Corinne Fize, chirurgien, « on ne considère plus seulement un corps malade, on prend en compte la personne dans son intégralité. »